Perspectives énergétiques: l’économie suisse croît dans le cadre de la politique climatique visant l’objectif de zéro émission nette
La Suisse est en mesure de transformer son approvisionnement énergétique de manière à atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050 tout en préservant la sécurité d’approvisionnement, comme le montrent les Perspectives énergétiques 2050+, publiées fin 2020. Une étude sur les effets économiques d’une sélection de trains de mesures est désormais également disponible. Il en ressort que l’économie suisse maintient son cap de croissance dans le cadre de la politique énergétique et climatique visant l’objectif de zéro émission nette.
L'objectif de la politique énergétique et climatique est d'atténuer les répercussions du changement climatique et de réduire les coûts qui en résultent. D'après plusieurs études, si rien n'est mis en œuvre pour le freiner, le réchauffement climatique devrait entraîner des coûts économiques considérables. C'est pourquoi le Conseil fédéral vise l'objectif de zéro émission nette. D'ici 2050, la Suisse devra donc atteindre la neutralité carbone. Cela signifie qu'en 2050, les réservoirs naturels et artificiels devront être capables d'absorber les émissions de gaz à effet de serre restantes.
Pour atteindre cet objectif, la Suisse doit orienter de manière beaucoup plus étroite son système énergétique vers les énergies renouvelables indigènes. L'OFEN a démontré dans les Perspectives énergétiques 2050+ que la Suisse peut réduire sa dépendance au pétrole et au gaz et peut devenir plus efficace sur le plan énergétique moyennant des investissements raisonnables. Cette analyse a donné lieu à une nouvelle étude du bureau de conseil Ecoplan, qui comporte trois scénarios grâce auxquels la Suisse peut atteindre l'objectif de zéro émission nette et qui examine leurs effets économiques.
Le bien-être, le produit intérieur brut (PIB) et l'emploi poursuivent leur croissance
Les trois scénarios décrivent les divers trains de mesures sélectionnés grâce auxquels la Suisse peut atteindre la neutralité climatique. Dans les trois scénarios, l'économie suisse connaît une croissance marquée jusqu'en 2050.
Dans le scénario principal le bien-être, c'est-à-dire l'unité de mesure de la prospérité d'un pays, progresse de 36% d'ici 2050. Le produit intérieur brut (PIB), l'unité de mesure de l'état de l'économie, augmente de 33%. Cela représente une croissance d'environ 1% par an jusqu'en 2050, analogue à celle qui prévaut dans les deux autres scénarios. L'emploi progresse également dans chacun des trois scénarios.
Dans l'économie, le changement structurel lié à la transition d'une industrie énergivore et émettant beaucoup de gaz à effet de serre vers les prestations de services se renforce légèrement. Le secteur de la construction et celui de l'énergie bénéficient d'investissements plus soutenus destinés à renforcer l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables en Suisse. L'étude estime que le niveau de l'emploi recule dans les secteurs énergivores.
Les trois scénarios sont comparés à une évolution de référence hypothétique, à savoir le scénario «Poursuite de la politique énergétique actuelle (PPA)». Cette évolution ne prend pas en compte les dernières mesures de politique climatique en Suisse et à l'étranger. Dans l'évolution de référence, l'objectif de zéro émission nette n'est pas atteint. Le bien-être et le PIB augmentent chaque année respectivement de 0,04% et de 0,07% de plus que dans le scénario principal de zéro émission nette. Le fait de renoncer à une politique climatique efficace n'a donc qu'un effet minime sur la croissance économique. Inversement, y renoncer entraîne une importante détérioration du climat, qui entraîne à son tour des coûts économiques massifs.
Effets secondaires positifs et coûts de l'inaction
La transformation du système énergétique entraîne également des effets secondaires positifs. Outre les émissions de CO2, la pollution de l'air ou les nuisances sonores liées aux transports routiers diminuent par exemple, de même que les coûts externes qu'elles génèrent.
L'étude ne tient pas compte des coûts engendrés par la détérioration du climat. Le but final de la politique climatique est certes d'éviter le coût de l'inaction, mais quantifier ce coût représente d'importants défis et est très laborieux sur le plan méthodologique. La présente étude se concentre dès lors sur le calcul des effets économiques des mesures visant la réalisation de l'objectif de zéro émission nette.
Conception des trois scénarios
L'étude simplifie délibérément les trois scénarios grâce auxquels la Suisse peut atteindre l'objectif de zéro émission nette. Les effets économiques des trois scénarios ne diffèrent que légèrement. Cela signifie que l'objectif de zéro émission nette peut être atteint avec différents trains de mesures qui occasionnent un coût similaire pour l'économie. Le débat sur les mesures effectives de politique climatique et énergétique pour l'atteinte de cet objectif doit encore être mené à l'échelon politique. L'étude ne préjuge pas de ce débat. Les scénarios ne reflètent donc pas non plus l'état actuel de la politique climatique de la Suisse. Ils incluent des mesures telles qu'une taxe incitative sur les gaz à effet de serre ou un relèvement de la taxe sur le CO2 sur les combustibles en vigueur, lesquels ne figurent pour l'heure pas au premier plan politique. Enfin, les scénarios de l'étude ne comprennent pas de mesures visant à soulager certains groupes de population ou à atténuer des impacts distributifs indésirables. Ces effets doivent être pris en compte dans la conception de la politique climatique et énergétique de demain.